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ARTISTES EN RÉSIDENCES

VAN-KIM TRAN ET CYRILLE HUMEN

Résidence de création - 22 janvier > 6 février 2021  
Emmanuelle Tricoire

Van-Kim Tran et Cyrille Hument sont accueillis en résidence de création du 22 janvier au 6 février dans le cadre de la BIAC - Biennale Internationale des Arts du Cirque pour le spectacle YIN


Monad, compagnie de jonglage et de danse est créée en 2018 par Van-Kim Tran et Cyrille Humen. À travers l’union du corps, du souffle et de l’objet, leur pratique commune du tai chi s’inscrit au coeur de leur travail. 

CONVERSATION
Van-Kim Tran


Poids ?

Nous avons à peu près 34 kg de matériel pour l’instant, dont 3 kg par jupe. Si on additionne avec mon poids, celui de Cyrille et de notre régisseur, en tout, cela doit faire 250 kg en tournée.


Quelle est la genèse du projet ?

Une envie, pour Cyrille et moi de travailler ensemble. J’aime faire des choses qui m’intéressent. À la naissance de ce projet, trois choses m’animaient : jongler, pratiquer la danse derviche et le tai chi. Tout s’alignait parce que ces pratiques sont absolument incompatibles les unes avec les autres - il faut une sorte de lâcher prise pour la danse derviche et un contrôle pour le jonglage. Il y a quelque chose de très intéressant dans la rencontre de ces deux pratiques opposées. Le tai chi, pour sa part, a vocation à unifier. Ces gestes ont le cercle en commun. Il y a une circulation, que ce soit dans le jonglage-contact, la danse derviche et le tai chi où il s’agit de faire circuler une énergie. Cyrille adore les cercles ! Dans son jonglage, on en retrouve dans tous les sens !


Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?

Là encore c’est un alignement plutôt heureux. De manière générale le lien entre l’art et les états de perception m’intéresse. La présidente de notre association, Nina Roberts est psychiatre et spécialiste de l’hypnose. Son domaine de recherche et de prédilection est celui du lien entre l’hypnose et les pratiques artistiques. Dans la danse, par exemple, le fait de tourner sur soi-même est un moyen d’accéder à une sorte de transe, un moyen de quitter le monde matériel. Il est donc heureux de faire la première de ce spectacle dans un lieu qui est à la fois un espace où il y a la place pour l’art contemporain, le spectacle et qui se trouve dans un centre hospitalier psychiatrique. En tout cas un lieu qui s’intéresse de près aux états de perception altérés.


Comment travaillez-vous ?

Au début, il y a une phase d’incubation où je lis beaucoup, où j’expérimente plein de choses qui n’ont aucun rapport avec le spectacle, jusqu’à que j’en trouve un. Ensuite, on se retrouve ensemble dans un lieu de pratique, dans un studio. Cet état brut est comme une sorte d’esquisse. Puis, il y a un moment où je me dis : « ah c’est ça le spectacle ! ». Ce moment, est arrivé quand j’ai découvert le travail de François Roustang, un Hypno-thérapeute français qui a beaucoup développé cette pratique et qui a défini un terme face auquel je me suis dit : « Voilà c’est ça qu’on fait ! ». Il s’agit du mot « perceptude », un état de perception où l’on se connecte au tout, en mettant au second plan le jugement et la rationalité. Un état de veille qui garde notre jugement en sommeil et qui ouvre de nombreuses perceptions. Tout devient possible. François Roustang s’en sert pour aider des personnes qui sont bloquées dans certaines situations de leurs vies. Dans notre pratique artistique, nous y faisons plutôt appel pour expérimenter un autre goût, une autre perception de la réalité.


Comment cohabites-tu avec ta folie ?

J’écoute les bons conseils de mon ami Carl Gustav Jung. J’ai lu beaucoup de ses livres. J’ai été frappé par la clarté de vision qu’il avait et à quel point cela raisonnait en moi. Ce que j’apprécie dans son travail, c’est qu’il recherche une forme d’intégration des différentes forces présentes en nous-même. C’est ce qu’il appelle le processus d’individuation. Cette vision présente l’avantage incroyable où même les choses perçues négativement, par exemple la folie, la colère ou des choses plus sombres, peuvent être perçues comme en évolution. Une matière première qui, à travers les expériences de la vie, les changements, va se métamorphoser de manière sublime. J’aime beaucoup ce rapport qui permet une équanimité avec nos expériences intérieures et extérieures


Ton jardin préféré ?

De manière générale, je préfère la forêt au jardin. Les jardins à la française, je ne supporte pas et n’y vais jamais ! À la limite, les jardins japonais, ça j’apprécie, car il y a une recherche de coexistence et d’harmonie entre l’homme et la nature. Mais à choisir, je préfère quand même aller me balader ou voyager en forêt naturelles, là où il y a différents arbres qui coexistent.


Quelle langue voudrais-tu chatouiller avec tes cils ?

La langue en question se reconnaîtra.


A quelle question répondrais-tu « À vous de voir » ?

« Est-ce que vous partez en transe pendant le spectacle ? »

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