Un centre d’art et une fabrique des arts vivants dans un espace d’hospitalités

Menu

ARTISTES EN RÉSIDENCES

SÉBASTIEN DERREY

Résidence de création | octobre > novembre 2023 & février 2024  
Migratori

La compagnie migratori k. merado crée ses spectacles à travers des rencontres avec des écritures contemporaines et des auteurs. Ces projets sont guidés par le désir de découvrir de nouvelles écritures qui nous confrontent à nos identités et nous conduisent à reconnaître notre vulnérabilité commune. Sébastien Derrey recherche des écritures qui nous poussent à réagir et à nous engager, et qui nous font questionner le sens du « commun ». Avec ces auteurs, nous apprenons à lire, à parler, à exprimer leur langue à travers des corps vivants. Le théâtre nous permet d'élargir notre perception des vies interconnectées.

CONVERSATION
septembre 2023

avec Sébastien Derrey, Carole Paimpol (danseuses) & Frédéric Gustaedt (comédien)


1) F comme ?

- CAROLE : F comme forme, femme, flamme......
- FRÉDÉRIC : F comme funambule
- SÉBASTIEN : F comme folie, figure, forme


2) Quelle est la genèse du projet ?

- SÉBASTIEN : On a un long accompagnement avec l'auteur Frédéric Vossier. C'est notre 3e collaboration. C'est un texte qu'il a écrit spécialement en pensant à Frédéric Gustaedt et moi. Donc il est écrit au départ pour un seul acteur. Mais j’ai tout de suite eu envie qu’il y en ait un autre dans les parages, (ou une autre, en l’occurrence). C'est une parole fragmentaire qui s’efforce de rapiécer une vie à partir de bribes, mais en même temps elle menace toujours de se décomposer. On ne sait pas très bien à qui elle s'adresse. Cette parole qui menace toujours de se refermer, je voulais qu’elle puisse peut-être s’ouvrir et rencontrer quelqu’un. C'est quelqu’un qui par sa présence, permet d’ouvrir une fenêtre dans la parole et dans l'espace. Quelqu’un avec qui on se demande comment on peut être dans le même paysage que quelqu’un d’autre, sans se mélanger. Vossier dit qu’il écrit dans un mouvement de profanation des images. Ici il y a loin derrière, comme un souvenir, un fantôme, la figure de Nijinski qui a inspiré l’écriture. Un Nijinski malade et interné qui ne dansait plus depuis longtemps et qu’on a essayé un jour (c'était une équipe de Paris Match accompagnée par le danseur Serge Lifar), assez salement et vainement, de forcer à danser devant des photographes. Alors il y a cette exposition et cette parole.

- CAROLE : Un écrivain rencontre un metteur en scène....l'écrivain écrit un texte pour un acteur qui accompagne ce metteur en scène...Une question pour eux trois...L'autre....il en invite donc un, une en l'occurrence...

- FRÉDÉRIC : Un auteur (Frédéric Vossier) qui écrit pour un metteur en scène et un acteur (Sébastien Derrey et Frédéric Gustaedt) qui ont déjà travaillé avec cet auteur. Le texte s'inspire d'un génie de la danse qui a basculé dans la psychose : Nijinsky.



3) Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?

- CAROLE : Une autre rencontre.....le 3 bis f  

- SÉBASTIEN : Jasmine Lebert était venue voir ma dernière mise en scène (MAUVAISE, de Debbie Tucker Green, 2022) au T2G. Nous nous sommes rencontrés et elle m'a proposé de venir au 3 bis f pour faire une résidence sur un projet. Je suis passé au 3 bis f pour la fête du 14 juillet. J'ai tout de suite pensé au texte de Vossier. Aussi parce que c'est un projet avec une toute petite équipe.

- FRÉDÉRIC : La répétition au théâtre ou dans la danse (mouvements) et la répétition de traumas dans les affects (reviviscence selon les mots de l'auteur) semblent tapisser ce texte. La rencontre avec le 3 bis f semblait naturelle.



4) Comment travailles-tu?

- SÉBASTIEN : De manière très empirique mais en même temps en préparant beaucoup. Je lis, j'écoute, je rêve, je relis, je re...

- CAROLE : Je me mets au maximum de porosité… êtres, lieux, sons, odeurs, mots, présent...

- FRÉDÉRIC :  En répétant. En apprenant. En m'informant. Mettre en place en moi ce qui crée la rencontre. La rencontre avec tous ceux qui vont être au service de l'objet à faire, la rencontre avec une écriture, la rencontre avec le public.



5) Comment cohabites-tu avec ta folie ?

- CAROLE : Je pense que cohabiter la folie m'éclaire sur moi-même.

- FRÉDÉRIC : Ça dépend des moments. Parfois mal et parfois ça va. Quand j'arrive à la convertir en acte créatif, c'est-à-dire en vie, en lien, alors ça va à peu près je crois.

- SÉBASTIEN : Moi aussi ça dépend. Mais je ne sais pas trop si je peux parler de folie ? Ce qui est sûr c'est que j'ai besoin des autres, de la rencontre et du travail avec les autres autour de quelque chose qui nous rassemble pour ne pas basculer.



6) Vers où regardes-tu ?

- CAROLE : Partout où je le peux...je regarde...

- FRÉDÉRIC : Vers hier qui nourrit demain. Vers le chemin fait puis faire un pas de plus. Derrière et devant.

- SÉBASTIEN : Je regarde les acteurs devant moi et l'espace, et je regarde en moi-même. Dans la rencontre qu'on fait avec eux, les mots et les corps font voir un autre espace qu'on ne voyait pas avant.


APRÈS-MIDI (PRINTEMPS)
étape de création | jeudi 15 février 2024 à 19h
Théâtre
voir l'événement
Partager