Delphine Gatinois a vécu au Mali. En janvier 2022, le pays est frappé par un embargo qui vient sanctionner le maintien de la junte au pouvoir. Seuls les produits de première nécessité sont autorisés à circuler. Aux yeux de l’artiste, le grand marché de Bamako apparaît plus que jamais comme un radeau compact et immobilisé. De cette complexité politique surgiront images, sculptures, dessins et recherches vidéo. C’est le point de départ de Kèmè-kèmè, projet au long cours qui se poursuivra au 3 bis f. Elle invitera Salif Coulibaly, danseur, chorégraphe et marionnettiste malien, à la rejoindre pour travailler la dimension chorégraphique de ce projet.
"Depuis sa pratique photographique, Delphine Gatinois met en scène des objets symboliques dans une relation symbiotique avec les humains.. Devenus sujets, ces objets en transit peuvent se mettre en mouvement: ils deviennent images, lesquelles, à leur tour, deviennent volumes, qui, eux-mêmes, deviennent objets. Ces décalages successifs modifient nos représentations. Cette grammaire plastique, représentative de sa pratique, n’est pas figée. Dans chaque projet, elle met en circulation des gestes, des costumes et des accessoires confiés à des performeurs familiers des objets d’origine ou qu’elle active elle-même."
Bénédicte Chevallier