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TINA ET CHARLY

Résidence de recherche - janvier > février 2022  
Awencsh

Tina et Charly sont accueillis en résidence de recherche entre janvier et juillet 2022. 


Tina et Charly c’est le choix d'une union artistique, émotionnelle et politique. Ce sont cinq années de réflexions communes, de voyages, de rencontres, d’expériences qui ont fait naître une ligne d’horizon. 


Tina Campana Sandoval, diplômée des beaux arts d'Avignon et Charly Ferrandes diplomé des beaux arts de Nimes, se rencontrent en 2016 pour commencer leur duo. 

En 2017, ils s'émancipent du confort occidental pour aller rencontrer quelques peuples Indigènes de la Colombie. Ce voyage était l'occasion de revenir à une sobriété, une manière de revendiquer leur curiosité vis-à-vis d’autres formes d’existences. Revenir à quelque chose de plus sensible aurait dit Jean-Baptise Morizot, dans Manière d’être vivant.


Lors de leurs échanges ils découvrent une nouvelle langue, celle des émotions, des connexions, une langue à la fois silencieuse et expressive. Quelque chose de l’ordre du subconscient et de l’intuition, qui utilise les sens.
Leurs réflexion naît de cette expérience, à savoir : comment échanger des idées sur d’autres plans que la langue parlée/écrite ?

CONVERSATION


Distance ?

La première idée qui nous est venue avec ce mot « distance » a été la référence au Covid-19, la distance entre les personnes exigée par la crise sanitaire. Puis, c’est la question de la distance entre nous et le 3 bis f que nous avons interrogé. Nous vivons à Marseille et avons présenté une exposition à Aix-en-Provence en 2020 : bien que proche, nous avons mis du temps à venir rencontrer ce lieu, peut-être attendu le bon moment dans notre parcours. Enfin, cela aurait pu être aussi la distance entre nous deux, entre Tina et Charly, et là il s’agit du point zéro de la distance : il n’y en a pas ! 



Quel événement (artistique, culturel, politique, économique, environnemental…) associes-tu à ton année de naissance ?

Charly : en 1992 a eu lieu le sommet de Rio au Brésil, première rencontre entre cent vingt chefs d’État pour évoquer la situation écologique et climatique. Pour la première fois, des personnes importantes, des décideurs se rassemblent pour étudier, trouver des solutions : c’est l’amorce d’une dynamique écologique gouvernementale à l’échelle internationale.


Tina : en 1993, c’est le début d’Internet et la première plateforme de recherche mise à disposition gratuitement pour les internautes, Mozaïc, voit le jour. Elle regroupe au début 600 sites visibles. L’année suivante, ce sont déjà des millions de sites qui sont reliées à cette plateforme. La bulle Internet était née.


 

Quelle est la genèse du projet ?

Le projet est né en Colombie, nous sortions d’une cérémonie avec un chamane, un peu chamboulés, avec un tas de questions en tête. Nous travaillions ensemble déjà depuis une année, autour de la peinture et de la performance, mais n’avions pas encore trouvé ce qui allait vraiment nous lier dans notre travail. C’est cette cérémonie qui a marqué le début d’une recherche commune autour du langage. Sur la route du retour, deux axes de recherches ce sont manifestés : la série des dialogues schématiques – qui a été réalisée au 59 Rivoli à Paris – et une série de performances en lieux publics à partir d’une ambivalence entre l’intérieur et l’extérieur, confrontant l’espace intime à l’espace de représentation. Quand nous sommes arrivés à Paris, face à l’environnement technologique et à l’espace hyper-médiatique d’une métropole, ces performances — qui au début étaient plutôt sociologiques – ont pris une couleur davantage politique. Dans un environnement urbain technologique, avec des caméras de vidéo-surveillance, et à travers différentes rencontres notamment avec des mathématiciens en I.A ; nous avons peu à peu introduit la question du rapport entre l’Homme et la machine dans nos travaux. L’idée de la recherche en résidence au 3 bis f est de faire un manifeste gesticulé en plusieurs chapitres ; pour alimenter un projet de performance / installation réunissant les différentes notions évoquées précédemment.



Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?

L’envie d’aller plus loin dans la rencontre avec l’autre. Nous travaillons déjà à deux. Pour nous, c’est une opportunité géniale de pouvoir travailler en milieu psychiatrique. Nous sommes convaincus que tout le monde n’est pas apte à faire face à la frénésie de la société : ceci sous-tend notre travail. Nous allons proposer des workshops hebdomadaires avec des patients et écrire avec eux une partie de la performance. Nous allons utiliser plusieurs médiums, élaborer des protocoles, développer des processus. Nous avons déjà travaillé avec des enfants, des adolescents mais jamais en milieu psychiatrique.

 


Comment travailles-tu / travaillez-vous ?

Nous avons un besoin permanent de nous confronter à l’inconnu, nous ne pouvons pas travailler uniquement dans l’espace fermé de l’atelier. De nouvelles formes de collaboration se mettent en place régulièrement ce qui nous permet d’élargir nos points de vue. Nous avons l’habitude de travailler avec des contraintes, dans le dialogue et à partir de l’énergie positive : on ajoute une pièce au puzzle, un peu comme un cadavre exquis et on laisse faire le moment présent. Le jeu est récurrent dans nos processus créatifs, il est le moyen de réunir nos différences dans une seule entité, ainsi que de désacraliser les ‘œuvres’, en les rendant plus accessibles.

Travailler en duo c’est une manière de déconstruire notre égo, tout en affirmant son identité avec transparence et respect pour co-construire d’égal à égal. C’est un apprentissage de vie en groupe. 

 


Comment cohabites-tu avec ta folie ? 

Tina: c’est une question compliquée. L’art, la performance, permettent d’exprimer quelque chose d’intérieur, d’enfermé. C’est une chance de pouvoir libérer cette part de moi en tant qu’artiste, sans être jugée. Pour moi la question reste ambivalente car je ne sais qui est le plus fou ?


Charly: j’ai un lâcher-prise assez facile, cela vient de ma mère, elle m’a transmis cette capacité à maintenir un regard ou une connexion bienveillante. Quand je sens que la pression sociale ne permet pas de faire sortir des émotions, des cris ou autre pas de côtés, que je ne peux pas avoir cette liberté, je me sens contraint et triste, voire en colère. C’est une sorte de lutte quotidienne pour trouver le point d’équilibre entre mes pulsions intimes et les conventions sociales.

 

Nous considérons tous les deux que beaucoup de choses ne peuvent pas être traduites par des mots, qu’il faut laisser parler les corps, les sons, l’intuition ; en les berçant d’une intention bienveillante.

COMME SI C'ÉTAIT VRAI
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Arts visuels
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