DISNOVATION.ORG
Nicolas Maigret et Maria Roszkowkska du collectif Disnovation.org sont accueillis en résidence de création du 12 octobre au 30 novembre 2020, dans le cadre de la Biennale CHRONIQUES pour leur exposition Post Growth.
Disnovation.org (Nicolas Maigret et Maria Roszkowska) est un collectif artistique et groupe de travail basé à Paris. Au croisement entre art contemporain, recherche et hacking, ils développent des situations d’interférence, de débat et de spéculation visant à détourner l’idéologie dominante de l’innovation technologique (du techno-solutionnisme à la techno-évasion) afin de stimuler l’émergence de récits alternatifs.
Leurs recherches se matérialisent sous forme d’installations, de performances, de sites web et d’évènements. Ils sont actuellement artistes-chercheurs en résidence à l’Université de Californie à Irvine.
CONVERSATION
Nicolas Maigret et Maria Roszkowska
Poids ?
De nombreux champs de la recherche scientifique produisent des connaissances dans le domaine environnemental. Comment les rendre activable, appropriable par tous : c’est une limite de la communauté scientifique. En tant qu’artistes, nous avons un poids, un rôle à jouer dans cette circulation : on contribue à produire de nouveaux récits, de nouveaux imaginaires à partir de concepts. On peut les manipuler, les fluidifier.
Quelle est la genèse du projet ?
Comme beaucoup de gens, nous sommes de plus en plus préoccupés face aux différentes crises environnementales. C’est un enjeu majeur pour nos sociétés actuelles : identifier les moteurs, les lignes de force de ces différentes crises enchevêtrées dont le fil directeur est l’idéologie, la foi indétrônable en la croissance économique. On a eu envie d’explorer cette articulation, de donner des éléments de compréhension et de décryptage de ces crises à travers la déconstruction de cette épine dorsale qu’est la croissance économique. Formuler des récits de transition pour une transformation de la société.
Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?
Parce que nous avons été choisis par la Biennale Chroniques pour le développement du projet. Nous ne connaissions pas le 3 bis f et sommes ravis de le découvrir : il sera très intéressant de l’y déployer.
Comment travaillez-vous ?
Nous partons bien souvent de sujets qui nous interrogent, nous préoccupent et nous animent, en les articulant de manière névralgique avec les changements de société qui sont en cours. En tant qu’artistes, nous pouvons créer des interfaces qui permettent d’envisager ces problématiques qui ne sont pas assez diffusées dans l’espace médiatique autrement, en créant des situations ou des objets, autant de nœuds improbables issus de ces zones de friction. Notre méthode de recherche s’apparente plus ou moins à celle de la recherche académique : on travaille avec un corpus assez vaste qui ne produit pas de forme plastique tout de suite. Les choix esthétiques émergent du sujet lui-même. Le travail est façonné par la qualité du sujet interrogé.
Comment cohabitez-vous avec votre folie ?
Plus ou moins bien ! Nous travaillons en équipe et réunissons des perspectives différentes, de manière à appréhender toute la complexité d’un sujet. Il y a toujours une forme de folie, des irrégularités, une certaine déviance par rapport à la norme. On cohabite avec ces forces.
Votre jardin préféré ?
Le Jardin des plantes à Paris où il nous arrive de faire des réunions, un peu comme dans le jardin du 3 bis f.
Quelle langue voudriez-vous chatouiller avec tes cils ?
Une langue faite d’idéogrammes, pour sa capacité à mettre en relation des formes et des idées et penser le monde en images.
A quelle question répondriez-vous « À vous de voir » ?
À quoi ressemblera votre exposition au 3 bis f ?