PLAISIR SOLIDE

Sorte « d’effet Koulechov »¹ immobile, la confrontation de deux images issues des corpus respectifs des deux artistes produit une image mentale indépendante de leurs sources, tout en faisant appel à nos imaginaires collectifs. La pluralité et le caractère foisonnant des documents présentés en plis dans cet ouvrage (publicités, archives, modes d’emploi, captures d’écran) nous questionnent sur la nature et l’envergure de la recherche plasticienne tout autant que sur celles des formats de l’exposition, espace physique de re-présentation tout autant que mental, ouvert à la libre association. 

Pour Hélène Soumaré, dont les recherches actuelles portent sur l’exposition comme format de l’art et site de production d’un savoir, « le croisement des deux recherches établit un champ de forces contraires qui s’étreignent et qui s’échangent. 

C’est comme si quelque chose poussait, comme s’il y avait un sens à ce hasard. Une émergence étrange. Des cerveaux, des corps, des pilules, des métriques, des visages d’enfants, des morceaux de nature, des schémas, de la peau, des mains, des structures courbes, des lignes lovées. Comme si, aussi, on pouvait découper le réel par ses plus petites unités. Des objets circulent, nous environnent, se passent de main en main, sont manipulés. Pour les comprendre il faut scanner l’époque, interroger le contexte et aussi observer les formes, les aspects, leurs qualités. » 

¹ L’effet Koulechov, initié par le cinéaste russe Lev Koulechov en 1921, est la démonstration que la perception d’une image est induite par celle(s) qui la précède(nt) et influe en retour sur la compréhension de celle(s)-ci. Cette contamination sémantique modifie le sens de chaque photogramme.