Julie Villeneuve se forme à l’INSAS à Bruxelles. Parallèlement, elle effectue de fréquents séjours en Roumanie où elle travaille avec des enfants des rues. Ces rencontres la marquent profondément, humainement et théâtralement. En 2007, elle s’installe à Marseille où elle crée et dirige la compagnie Le Facteur indépendant. Elle écrit Histoire du creux et du plein, mène des ateliers dans des écoles, des hôpitaux psychiatriques, des établissements pénitentiaires, des théâtres, écrit et met en scène des spectacles. COSMOs, sa dernière création, a été présentée en 2023 au Théâtre National de Marseille-La Criée. Fascinée tant par la force de destruction de l’humain que par sa puissance de vie, par ce qui maintient debout, elle utilise l’écriture pour tirer des fils et déplier des questions.
Entretien - Février 2025
F comme ?
F comme foutoir. Mes personnages naissent et évoluent dans le chaos, dans le désordre.
Quelle est la genèse du projet ?
Le projet part de ma lecture du Loup des steppes de Hermann Hesse. J’avais lu le livre il y a une vingtaine d’années et je l’ai plus récemment redécouvert, un peu au hasard, lors d’un moment d’errance dans ma bibliothèque. Le projet naît d’un passage du livre décrivant la situation d’Harry Haller, sentant deux entités opposées vivre en lui : un homme et un loup des steppes. C’est un passage qui raconte la dualité entre la part sociale et la part plus animale de l’homme.
Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?
Je travaille dans le champ de la psychiatrie et suis très sensible à ces sujets. C’est à l’occasion d’une rencontre du réseau Art, Soin et Citoyenneté que j’ai connu Jasmine Lebert, à qui j’ai pu présenter mon travail. Je suis également sensible aux projets défendus par le 3 bis f, je suis très heureuse qu’on puisse venir y travailler en résidence.
Comment travailles-tu ?
Je me pose moi-même la question par moments ! Je passe d’abord par l’écriture, je pense l’écriture et ensuite le plateau intervient dans un second temps. Mais c’est les mots qui démarrent le travail.
Comment cohabites-tu avec la folie ?
Je l’ai très bien rencontrée, je pense que je la connais bien. On cohabite souvent très joyeusement et je pense que je lui dois une fière chandelle pour plein de choses différentes. Même si de temps en temps elle prend un peu trop de place.
Un livre, un film, un podcast avec lesquels tu arriveras peut-être en résidence au 3 bis f ?
Un film, d’Hal Ashby et Colin Higgins : Harold et Maude. Je ne l’avais jamais vu de ma vie et il se trouve que la pièce que je suis en train d’écrire parle d’une dame d’un certain âge qui va bientôt mourir et d’un homme plus jeune qui a un petit peu de mal à vivre. J’avais déjà beaucoup écrit dessus quand une amie m’a parlé d’Harold et Maude, et je me suis surprise, dans le visionnage, à constater les similitudes avec mon travail en cours. Ça résonnait très fort avec la pièce que j’étais en train d’écrire. C’était surprenant, amusant et très inspirant.